Texte alternatif "Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps" 1ère partie

Résumé du texte alternatif

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes »

Karl Marx, Le Manifeste  

Poursuivre et renforcer le PCF

  Les communistes ont exprimé lors de l’assemblée générale extraordinaire de décembre 2007 la volonté de continuer et renforcer le PCF. La base commune proposée par la direction nationale sortante poursuit la stratégie menée depuis plusieurs congrès, qui a conduit à l’affaiblissement actuel. Elle ne propose aucune rupture avec le système capitaliste et abandonne toute perspective révolutionnaire, transformant le PCF en coquille vide.   A la veille du 34e congrès, le Parti communiste français reste un parti de premier plan par ce qu’il représente dans le pays, ses militants et ses élus.  

En France et dans le monde, l’aiguisement de la lutte des classes

  La situation internationale et nationale n’a jamais autant donné raison aux communistes. La crise financière internationale d’une rare gravité qui éclate confirme ce que nous savons : le capitalisme est un système prédateur, générant des crises cycliques au détriment des peuples, porteur de menaces pour la paix dans le monde.

Au plan national, la mondialisation se traduit par la main-mise du capital financier international sur les grandes entreprises françaises. Des pans entiers de l’industrie et de l’agriculture sont détruits, avec des conséquences sociales dramatiques : chômage, développement des emplois déqualifiés et sous-payés, précarité généralisée…   Notre peuple est étranglé par des politiques économiques et sociales destructrices, menées par une droite revancharde qui s’acharne à détruire tous les acquis obtenus par les luttes au cours du 20e siècle : casse du code du travail, destruction de la sécurité sociale, attaques répétées contre le système de retraites par répartition, privatisation des services publics – énergie, transports, télécommunications.  

Un Parti communiste fier et offensif

  Dans ce contexte, nous avons besoin d’un Parti communiste marxiste, proposant des perspectives politiques crédibles, pour mener une contre-offensive efficace au capitalisme.   C’est pourquoi nous proposons un texte alternatif.   La situation générale montre que la rupture du congrès de Tours en 1920 entre un courant réformiste et un courant révolutionnaire est toujours d’actualité. Il ne s’agit ni de nostalgie ni de repli identitaire, mais d’une analyse marxiste de notre époque.   Aussi, immédiatement, nous devons :  
- reconstruire l’organisation communiste, l’outil idéologique et politique en partant à la reconquête des entreprises et des quartiers populaires. Oui à la cellule cœur de l’activité du parti, Oui à la formation idéologique qui permet au militants d’agir !  
- combattre le renoncement de la gauche, qui efface les lignes de partage entre gauche et droite, et qui fait glisser le Pcf vers un réformisme de plus en plus clairement assumé  
- développer une analyse marxiste et reconquérir idéologiquement les classes populaires, en refusant le règne de l’argent, le triomphe de l’individualisme, la régression sociale présentée comme une fatalité  
- redevenir un parti d’opposition efficace, porteur de propositions, offensif et crédible, à l’initiative de luttes  
- redonner à notre parti sa pleine indépendance de pensée, d’organisation et d’action en refusant l’hégémonie du PS ou la dilution dans la gauche de la gauche. Travaillons à une politique d’alliances à la base offensive, un rassemblement populaire anticapitaliste, qui nous permette de sortir de l’ornière de l’alliance obligée avec le Parti socialiste, ou de l’option d’un parti dissout dans des alliances mal définies à la gauche de la gauche  
- dénoncer clairement le carcan de l’Union européenne, et tirer le bilan de notre participation au Parti de la gauche européenne  
- renouer avec les partis communistes du monde entier, travailler à la construction d’un nouveau cadre international d’échanges et de coopération entre les peuples, outil indispensable à une solidarité communiste active.   Le 34e congrès doit tirer les leçons des échecs passés, de l’urgence d’une réponse communiste à la crise du capitalisme, de la renaissance d’un point de vue communiste dans différents pays du monde. Ce congrès peut être un congrès historique. Nous voulons en sortir avec un Parti communiste fiers de ses valeurs et de ses idéaux, combatif et offensif, porteur d’un projet révolutionnaire de rupture avec le capitalisme.

Version complète du texte alternatif "Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps"

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes »

Karl Marx Le Manifeste

Préambule

Nous avons une conviction : faire vivre et renforcer le PCF est une exigence de notre temps.

C’est le mandat clair que se sont donnés les adhérents du Parti lors de l’Assemblée nationale extraordinaire de décembre 2007. Ils ont rejeté l’hypothèse de remettre en cause l’existence du PCF, de le transformer jusqu’à le dépasser, dans la suite des choix stratégiques des derniers congrès.

L’avenir du PCF est aussi la préoccupation d’un très grand nombre de communistes qui se retrouvent aujourd’hui sans carte, de salariés, de jeunes, acteurs des luttes dans l’affrontement de classe.

Les ravages de la mondialisation et de la crise du capitalisme, l’accélération de la politique de casse sociale et démocratique dans notre pays, la menace renouvelée de guerre impérialiste, renforcent la raison d’être de notre parti. Les crises financières répétées éclairent les contradictions d’intérêts entre les détenteurs du capital et les salariés.

Oui, l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes !

A tous les communistes, au monde du travail, à tout le pays, le 34ème congrès doit donner un signal fort : celui de la reconquête idéologique et organisationnelle du PCF.

Le texte de base commune proposé par la direction sortante du parti ne répond pas à ces exigences. Il acte la volonté des communistes de continuer le PCF mais n’engage pas les ruptures nécessaires avec les stratégies des précédents congrès. Il transforme le PCF en une coquille vide.

Nous récusons la fatalité de l’affaiblissement de notre parti. La campagne des communistes pour le NON au traité constitutionnel, leur action dans les luttes montre que le PCF retrouve sa crédibilité dès qu’il joue son rôle. Les élections municipales et cantonales ont montré les capacités de résistance et de reconquête des communistes.

Mais sortir des 1,93 % des présidentielles, reconquérir l’influence du PCF, c’est accepté de faire le bilan des stratégies suivies depuis Martigues, de la mutation aux collectifs antilibéraux en passant par la gauche plurielle.

C’est assumer notre théorie marxiste, toujours pertinente pour comprendre le monde et le transformer.

C’est lever toute hypothèque d’une nouvelle force politique, nous engager sans ambiguïté pour continuer le PCF dans les conditions présentes et le renforcer.

C’est sortir d’une alliance à tout prix avec le Parti socialiste qui nous tient lieu depuis trop longtemps de stratégie et de projet et qui nous enferme dans l’alternance et le renoncement.

C’est assumer notre originalité, notre identité communiste, notre caractère révolutionnaire et populaire, notre choix de classe.

C’est le pari de la révolution dans un pays capitaliste développé.

C’est se libérer du piège d’une construction européenne supra-nationale, renouer avec l’internationalisme en travaillant avec les partis communistes et progressistes du monde entier.

C’est reconstruire nos organisations de proximité, cellules et sections, prioritairement dans les quartiers populaires et les entreprises, privilégier le potentiel humain et politique des militants qui doivent avoir le dernier mot.

Sur toutes ces questions, le 34ème congrès doit permettre la confrontation d’idées et que les communistes se prononcent.

L’enjeu de ce congrès est de maintenir et renforcer l’outil qu’est le PCF en nous adressant à tous les militants communistes dans leur diversité pour qu’ils affirment ensemble le choix d’une stratégie de rupture avec le capitalisme dans la perspective du communisme.

Mondialisation capitaliste et résistances des peuples

L’impérialisme guerrier

Depuis la chute des pays socialistes au début des années 90, les Etats-Unis ont cherché à imposer leur hégémonie à l’ensemble de la planète : première guerre du Golfe, guerres de Yougoslavie… Il ne s’agissait pas seulement de calculs géopolitiques, mais d’un nouvel essor du capitalisme, basé sur des guerres localisées, en vue de capter de nouvelles sources de matières premières et de nouveaux marchés.

Après les événements du 11 Septembre, les Etats-Unis et leurs alliés ont franchi une nouvelle étape en prétendant mener une « guerre de civilisation » contre le « terrorisme » (Afghanistan, Irak). A l’ennemi communiste d’hier, ils substituent l’islamisme. L’objectif reste identique : renforcer la mainmise de l’impérialisme partout dans le monde.

Mondialisation ou exploiter plus pour accroître les profits

Le capitalisme a su profiter du développement des nouvelles technologies pour augmenter ses capacités d’exploitation. La « mondialisation » n’est qu’une phase d’approfondissement et d’aggravation de l’impérialisme. Le progrès des modes d’exploitation ne doit pas masquer l’essentiel : la baisse tendancielle du taux de profit, qui force le capitalisme à intensifier l’exploitation du travail pour dégager une plus-value toujours plus importante. L’augmentation numérique constante de la classe ouvrière au plan international en est la preuve.

Le capitalisme en crise

La crise financière qui vient d’éclater n’arrive pas dans un ciel serein. Depuis un an, des émeutes de la faim éclatent partout dans le monde à cause de la spéculation sur les matières premières et les denrées alimentaires. La crise est due à la déconnexion entre un système financier et boursier qui s’est emballé (au profit des détenteurs du capital) et l’économie réelle. Cette crise montre que le socialisme comme perspective politique et le marxisme n’ont jamais été autant d’actualité. Ils sont la seule alternative au capitalisme qui, par nature, est un système prédateur.

Notre rôle de communistes n’est pas de créer l’illusion qu’un monde nouveau est en train de se construire grâce au développement des nouvelles technologies, mais de pointer la logique du système capitaliste, qui survit en mondialisant ses crises structurelles.

Notre rôle est aussi de convaincre qu’un autre monde est possible, à condition d’une rupture radicale avec le capitalisme.

Les résistances à l’oeuvre pour un autre monde

Après l’effondrement de l’Union soviétique, beaucoup ont cru au triomphe définitif du capitalisme.

Pourtant depuis quelques années, le socialisme refait surface dans différents points du globe.

Ainsi, plusieurs pays d’Amérique Latine se sont engagés dans des expériences progressistes. Elles reposent toutes sur la reconquête de la souveraineté nationale grâce à la nationalisation des banques et des grands secteurs de l’économie, et la reconstruction de sociétés visant à garantir l’accès à l’alimentation, la santé, l’éducation au plus grand nombre.

Cuba qui fêtera l’an prochain ses cinquante ans de socialisme malgré le blocus, a servi de point d’appui aux pays d’Amérique latine écrasés par l’impérialisme américain. Dans plusieurs pays (Chypre, Grèce, Inde, Népal), des partis communistes renaissent ou regagnent en influence.

La situation actuelle ouvre au PCF la possibilité de retrouver une solidarité internationale active dans le respect des expériences de chaque peuple et en combattant les ingérences impérialistes qu’elles soient militaires ou dites « humanitaires ».

L’Union Européenne : un outil de domination des peuples pour le capital

Machine de guerre contre l’emploi, les services publics, les droits des salariés et les acquis populaires, l’Union européenne révèle cruellement aux peuples sa véritable nature : permettre aux capitalistes de réaliser le maximum de profits dans le cadre d’une concurrence sans limite.

Structure supra-étatique, elle impose ses choix économiques commerciaux et politiques aux Etats membres.

Le passage à l’euro, outil de contrainte monétaire au service du capital, a encore accru la pression sur les peuples.

Mais ceux-ci ne sont pas dupes. Ainsi en France, l’euro est largement identifié comme responsable de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat.

A trois reprises, en 2005 pour la France et les Pays-Bas et en 2008 pour l’Irlande, des peuples ont refusé de perdre leur souveraineté nationale au profit d’un processus constituant qui vise à les priver de toute décision et ont ainsi exprimé leur colère et le rejet de ce cadre européen maastrichtien.

Ils ont aussi fait La démonstration que le cadre national reste le plus favorable à l’expression de la souveraineté populaire alors que la construction européenne en éloignant les citoyens des décisions, casse les résistances.

Dans ce contexte, il est impensable qu’après avoir constaté l’échec de sa propre stratégie en France, la direction nationale veuille nous faire croire que la seule solution à la situation serait de se projeter à l’échelle de l’Union Européenne dans le PGE en agitant le leurre de "l’Europe sociale".

La crise de la France
La revanche de la bourgeoisie

Nicolas Sarkozy a clairement annoncé que son élection sonnait comme une revanche sur le programme du Conseil National de la Résistance et Mai 68.

C’est une politique de classe au service du patronat, plus déterminé que jamais à récupérer ce qu’il avait du lâcher depuis le Front populaire.

Les Français constatent tous les jours la dégradation de leurs conditions de vie et la baisse de leur pouvoir d’achat.

Ils subissent un véritable recul de civilisation, touchant les besoins de base ; le logement, la santé, l’éducation.

Les chômeurs sont culpabilisés et la pauvreté criminalisée. La précarité de l’emploi devient la règle. La guerre menée contre les salaires freine l’activité, fait exploser les besoins d’assistance et creuse une dette qui engraisse les spéculateurs au profit du capitalisme financier. Les entreprises maintiennent leurs profits à coup de restructurations, chômage technique, délocalisations.

Le code du travail censé protéger les travailleurs est gravement remis en cause. Les libertés fondamentales sont attaquées frontalement.

Tous les grands secteurs publics sont privatisés ou en passe de l’être : l’eau, le gaz, l’électricité, les transports, la Poste. Les inégalités d’accès aux services se creusent et génèrent une véritable ségrégation sociale parce que les tarifs flambent.

L’industrie française est sacrifiée pour les profits : puisqu’il est plus profitable de produire là où les salaires ne coûtent rien, les industriels ferment allègrement les sites de production pour délocaliser, sans que les gouvernements successifs y trouvent rien à redire. Quant à l’agriculture et à la pêche, elles sont sacrifiées sur l’autel de l’Union européenne, qui détruit les producteurs locaux pour permettre aux industriels de l’agriculture et de la pêche de faire main basse sur les ressources et les marchés.

Les grandes entreprises françaises accentuent leur internationalisation. Le mouvement mondial de la concentration capitaliste touche de plus en plus l’économie du pays. La prise de contrôle d’Arcelor par Mittal en est un exemple.

Dans le même temps, le capitalisme français tend à se financiariser, mouvement qui reflète un nouveau stade de la course au taux de profit maximal à court terme. Des groupes financiers, des fonds de pension étrangers, continuent à s’emparer du capital d’entreprises françaises.

La guerre menée contre les salaires freine l’activité, fait exploser les besoins d’assistance et creuse une dette qui engraisse les spéculateurs au profit du capitalisme financier. Les entreprises maintiennent leurs profits à coup de restructurations, chômage technique, délocalisations…

Le gouvernement en rajoute à chaque occasion, du paquet fiscal pour les plus riches, au rachat des dettes bancaires de la crise financière.

Entre 1983 et 2006, la part des salaires dans le PIB a chuté de 9,3 %, soit entre 120 et 170 milliards qui sont passés du travail vers le capital chaque année !

Le renoncement de la gauche

La politique de Sarkozy n’a pas rencontré de réelle opposition de la part d’une gauche réformiste, déconsidérée par ses renoncements gouvernementaux et prisonnière du carcan économique de la banque centrale européenne et de l’union européenne.

Ce n’est pas d’une crise de la gauche qu’il faut parler mais bien du glissement à droite du PS, du renoncement du PCF à porter un projet communiste. Parler, comme le fait la direction nationale, d’une « politique de gauche » est une impasse stratégique. Ce dont nous avons besoin face à Sarkozy et au MEDEF, c’est d’une politique de rupture.

En tant que communistes, nous devons mener un combat idéologique sans complaisance pour refuser la déculpabilisation de l’argent, le triomphe de l’individualisme, la régression sociale présentée comme une fatalité de notre époque. En un mot, nous devons maintenir l’espoir.

Fracture sociale et politique

Malgré des luttes importantes des travailleurs, malgré les combats des communistes (CPE, retraites en 95, référendum sur la constitution européenne, actions contre les fermetures d’entreprises, pour la défense des services publics…), le monde du travail ne voit pas d’alternative politique crédible. Sarkozy surfe habilement sur des décennies de compromis d’une « gauche de droite », semant la confusion dans les discours, débauchant sans vergogne symboles et dirigeants…

Cette crise politique est une véritable fracture sociale, les milieux populaires étant enfermés dans l’abstention ou le vote plébiscitaire. Les ségrégations urbaines, sociales, économiques renforcées sont le creuset des replis identitaires et intégristes. Des forces antirépublicaines de toutes origines jouent à la guerre des civilisations.

L’urgence : construire et renforcer les résistances, rassembler les exploités

Aidons les résistances populaires à grandir et à retrouver leur capacité politique ! Pour cela, il faut sortir de la confusion des idées et aider à reconstruire l’unité populaire au coeur des luttes et des difficultés quotidiennes.

Pour y parvenir, le Parti Communiste doit faire un bilan de sa stratégie et assumer sa part de responsabilité dans la situation.

Si nous voulons redevenir un parti d’opposition efficace, un parti de propositions, un parti de transformations, on ne peut pas se contenter de dire « pour la gauche plurielle nous avons fait preuve de surdité », « pour le rassemblement anti-libéral, la dynamique populaire à largement fait défaut ». Nous devons réaffirmer qu’il existe un clivage net entre la droite et la gauche, et que le PS porte une grave responsabilité en cherchant à l’effacer. C’est une ligne de démarcation claire entre le Parti communiste et le Parti socialiste.

Le « nous avons fait des erreurs » n’est pas acceptable. Qui est ce « Nous » ? Sûrement pas la majorité des communistes qui se sont écartés du parti, non pas parce qu’ils se sentaient moins communistes, mais parce que leur parti leur semblait s’en éloigner. Ce sont les militants qui ont réaffirmé en décembre leur choix de continuer le PCF quand tant d’appels les poussaient à le diluer dans un parti de gauche.

En tout état de cause, le Pcf doit retrouver sa fonction tribunitienne, appeler à repenser la révolution, à conquérir des pouvoirs économiques, financiers et médiatiques, face aux dogmes de la pensée libérale qui prétend que le capitalisme est la « fin de l’Histoire ».

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